Entrepreneure à suivre : Christine Lorimy, L’Imagerie d’Epinal

Chaque rentrée, nous sommes plus attentives encore aux parcours et aux personnalités qui nous inspirent. Si c’est une histoire de femme, alors la réussite n'en est que plus belle et motivante. Trois questions à Christine Lorimy, qui porte les mêmes valeurs de savoir-faire et de sororité que nous. En redonnant vie à l’une des plus belles maisons patrimoniales françaises : L’Imagerie d’Epinal. 


3 questions à Christine Lorimy, Présidente de L’Imagerie d’Epinal 


Pourquoi L’Imagerie d’Epinal ?

Je dirais plutôt que c’est L’Imagerie d’Epinal qui m’a choisie. Je suis allée la visiter par simple curiosité car j’étais sur place pour un rendez-vous professionnel et l’opportunité de mettre enfin un lieu derrière un imaginaire, était trop belle. A l’arrivée, j’ai découvert un éco-musée un peu poussiéreux et à bout de souffle, mais avec une âme. Il y avait quelque chose de plus fort… sauf que les propriétaires, âgés, étaient lasses. Très vite, ils m’ont interrogée pour les aider à trouver un éventuel fond d’investissement, jusqu’à ce que cela devienne une évidence pour tout le monde : pourquoi pas moi puisque j’y voyais tout le potentiel ? Nous étions en 2014.


Quelle deuxième vie pour cette belle endormie ?

Cette institution a 250 d’histoire(s) et multiplié les objets… à mon tour, j’ai plaisir à développer tous les supports liés à la décoration. A travailler avec des architectes d’intérieur, des designers… Je me sens comme un passeur, comme la dépositaire de ce patrimoine pour un temps, plutôt que la propriétaire. D’autres seraient fascinés par les techniques ou l’aspect historique, moi je le suis par l’image en elle-même. Parce que les motifs qui, aussi anciens soient-ils, racontent quelque chose de notre société et l’histoire de France. J’ai de tout : des images violentes, douces, belles, moins belles dans ce qu’elles traduisent de l’actualité à un moment donné. Séparation de l’église et de l’état, vision du colonialisme… ce catalogue de motifs est un recueil de témoignages à travers le temps et je ne veux rien cacher. C’est un travail « d’archive » passionnant et j’ai par ailleurs plaisir à faire appel à des artistes pour revisiter une image. Je développe aussi des collaborations avec d’autres entreprises au savoir-faire incontournable. Comme avec cette maison basque, elle aussi Entreprise du Patrimoine Vivant, qui imagine une petite collection de linge de maison avec certains de nos motifs. 


Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme entrepreneure ? 

Hélas, oui. Les clichés ont encore la peau dure. Il ne faut pas avoir peur de le dire, on a encore du mal à faire confiance aux femmes. En région, c’est encore pire si l’on ne vient pas du tissu local. Il y a beaucoup d’entre soi et des alliances incontournables, alors si l’on ne marche pas dans la combine… Certains n’attendent que cela de vous voir échouer. Un point positif, c’est le recul que la condition de femme vous oblige à prendre assez rapidement dans le monde du travail. A travers vos périodes de maternité par exemple, quand vous êtes bien obligée de vous absenter malgré le risque de ne pas retrouver votre poste. Il y a des moments-clé où vous êtes obligée de lâcher-prise, de faire confiance à la vie. Pour la plupart, les femmes portent en elle aussi cette immense ressource de savoir faire beaucoup de choses en même temps. Je crois que c’est notre éducation à toutes et d’une certaine façon, la mémoire collective qui nous l’a inculquée. Et c’est une force considérable ! 

www.imagesdepinal.com